ÉCOLE MARCHANDISE

ÉCOLE MARCHANDISE
Et la cloche a sonné
Le début des cours (la fin des cours).
La lutte des classes
A repris son cours (suit son cours)
Et les crises d’angoisse
Appellent au secours.
Maintenant plus qu’avant,
Faut développer
Son plein potentiel,
À temps plein sur une chaise,
Comme une potence… Ciel,
Ne vous en déplaise!
Investir son capital humain
Ce n’est pas une anecdote.
Le vocabulaire économique
Nous atteint, nous asticote
Et nous fait avaler de travers
Avec sa suite pédagogique :
Production, compétences,
Compétition, performance.
Jusqu’au palmarès des écoles
Qui engraisse les belles paroles
Des forces néolibérales et leurs réformes,
Qui les renforce et nous déforme.
Assujettis
Au service du grand capital,
Nous sommes une clientèle garantie,
Payante, fidèle et amicale,
Répartie dans un système à trois vitesses…
D’inconduite…
Et dans son ivresse, sans limites,
Nous finançons à grands couts le privé.
Comment tenir le coup
Sans priver
Des élèves de l’égalité des chances?
C’est prouvé
Que réussir ses cours,
C’est dans l’privé
Qu’on a l’plus de chances.
L’économie du savoir
Occupe une place sur le marché
Et ça sert l’académie du pouvoir
Dans une autonomie légalisée.
Avant, on devait marcher jusqu’à l’école.
Aujourd’hui c’est l’marché de l’école.
Où y a même des marchands qui racolent
Les jeunes avec de beaux chants
En forme de drogues ou d’alcool,
Cannabis, ecstasy, cocaïne et colle.
Y a d’quoi de … stimulant…
À fréquenter les abords de l’école.
Quand les cours sont ennuyants,
La rue élabore d’autres plans.
Quoi d’autres à proposer de fort et de puissant?
Quand des mots, des textes,
Des conférences sont mis à l’index,
Quand, malgré le bon sens,
Par en-dedans, on la sent la lente cassure,
Quand tout devient prétexte
Pour nous avoir à l’usure,
Quoi d’autres à proposer comme projet vivant?
Quand un peuple et sa culture,
Dans ses arts, sa langue et sa littérature
Sont soumis à la censure… Surconsommation
Devient alors la nouvelle déesse
Où sont honorés les cartes de crédit,
Les prêts sans garantie
Et les gros VUS.
Sauve qui peut!
Pas de stress,
Y a un must,
Et un hommmme…
Elon..mm…Musk
Va nous sauver…
De cette planète qui ne nous suffit plus,
Telle une vedette, issue de son cru,
En preux chevalier,
Ou empereur creux,
Par son courage de mec super… flu
Et son grand vouloir de sage qui vient avec.
Y a le présage d’une autre planète où tout est inclus,
D’après le bavardage de ce blanc bec.
Alors, il faudra qu’on se susurre,
À l’oreille… bien fort, sans complexe,
Que malgré de pareilles impostures,
Nous ne sommes pas prétextes à de telles luxures.
Nous avons besoin de sortir
De cette vision du monde
Où l’argent-roi ne nous fait plus rire.
Il est grand temps qu’on se déplombe
De notre servitude volontaire
Qui nous place face contre terre!
Alors, peut-être, entendrons-nous
Nos colères qui sommeillent
Et subitement,
Dans un état de dégel et d’éveil,
Jaillira le gout
De s’engager dans une posture collective,
Pour se donner envie de culture,
D’émerveillement
Et de respect des mondes vivants.
Alors, peut-être en arriverons-nous
À vouloir défendre à tout prix une école,
Où apprendre à mieux vivre
Nous donnera le gout de vouloir vivre… pour apprendre?
hlnsylvain@gmail.com
Novembre 202